L'opale et le phénomène d'opalisation
L'opale dont la formule chimique est le SiO2 H2O est un silicate hydraté amorphe, c'est à dire dépourvu de structure cristalline contenant de 1% à 21% d'eau. C'est ce qu'on appelle communément un "polymorphe de la silice".
L'opale est produite par la solidification de certains minéraux silicieux des roches (elle se dépose notamment aux bords des sources chaudes).
Si elle constitue parfois le squelette silicifié de certains animaux préhistoriques, ainsi que les enveloppes de certaines algues, elle se présente ordinairement en masses arrondies, en rognons.
Translucide ou opaque, incolore par elle-même, l'opale prend aussi diverses colorations accidentelles, dues à la présence d'agents oxydants, son attractivité résidant toutefois essentiellement dans sa chatoyance due à la décomposition des rayons lumineux réfléchis sur le microsphères de sa structure.
C'est cette variété chatoyante qui est, bien entendu, employé en joaillerie. Sa dureté suivant l'échelle de Mohs est de 5,5 à 6,5.
Son poids spécifique est de 2,1 à 2,2 monoréfringente, elle possède un indice unique qui peut toutefois varier de 1,44 à 1,46. Sa dispersion est nulle, ainsi que son pléochroïsme.
Notons enfin que la cassure de l'opale est conchoïdale, et que son éclat est vitreux.
En général, on distingue trois groupes d'opales :
L'opale commune à provenances multiples.
L'opale de feu du Mexique.
L'opale noble du Queensland.
L'opale commune:
Très répandue, elle est opaque et ne possède que peu d'opalescence. Beaucoup ne sont que des agates avec un recouvrement d'opale, on les appelle également " Hyalites ".
L'opale de feu:
De provenance souvent Mexicaine, elle est rouge-orangé, jaune flamboyant.
L'opale noble:
Est celle qui possède l'irisation ou opalisation. C'est le sujet de cet article:
Remarquons tout d'abord que l'opalisation ne doit pas être confondue avec l'opalescence qui qualifie l'aspect laiteux de certaines opales communes, et qui peut aussi se rencontrer dans d'autres matériaux.
Elle n'est due qu'à la diffusion des rayons lumineux sur une structure mal organisée, contrairement à ce qui se produit dans l'opale noble, où la merveilleuse irisation est produite par une lumière incidente frappant une structure parfaitement organisée, composée de sphérules de silice dont le diamètre va de 150nm à 300 nm (1 nanomètre = 1 millionième de mm).
Dans l'opale noble, les microsphères de silice qui la compose sont de taille et d'empilement réguliers, faisant office d'ouvertures étroites au travers desquelles les rayons lumineux sont diffractés en phases, produisant les effets de couleurs, ou opalisation.
L'opale traitée:
La matière qui compose l'opale traitée est habituellement de l'opale d'Andamooka (Australie méridionale), de qualité inférieure, qui est imprégnée de particules de carbone de manière à provoquer une meilleure chatoyance, sur un fond plus sombre (brunâtre à noir). N'étant pas composées d'autres matières, elle possède un P.S. et un I.R. identique. On la reconnaîtra à sa structure grenue qui empêche le bon polissage de la pierre.
L'opale doublet ou doublet d'opale:
L'opale doublet fait partie des pierres dites composites.
Il y en a trois sortes :
a) L'opale doublet qualifié de " véritable " se compose d'une lamelle d'opale noble doublée par l'opale commune (qui peut être parfois teintée en noir).
b) L'opale doublet " semi-véritable " est une lamelle d'opale doublée par de l'onyx ou du verre noir.
c) L'opale doublet faux est une pierre composée d'autres matériaux d'imitation, par exemple verre opalescent collé sur une lamelle de coquille d'haliolite - mollusque appelé communément "oreille de mer".
L'opale triplet:
Il y a autant de variétés de triplets que de doublets, ils sont donc composés des mêmes matières comportant toutefois, en plus, une couche de gélatine destinée à la coloration. Elles sont parfois qualifiées de "pierres soudées".
L'opale artificielle:
L'opale artificielle peut être blanche ou noire, elle possède un P.S. et un I.R. inférieur à la naturelle.
Observées au microscope, on aperçoit une structure qui peut faire penser aux circonvolutions cervicales. Les couleurs qui être limitées à la surface de la pierre sont multiples mais bien délimitées sous forme de petite mosaïque avec des couleurs bien séparées les unes des autres, contrairement à l'opale naturelle dont les zones colorées sont plus variées, plus irrégulièrement réparties et de grandes différentes, se prolongeant dans l'épaisseur de la pierre.
Ces caractères sont facilement observables à la loupe 10x.
Conclusion:
Il n'est pas difficile de reconnaître une opale artificielle de fabrication " Gilson " ou " Inamori " et un examen attentif à la loupe 10x est souvent déterminant.
On peut ajouter que le manque d'inclusions naturelles est également un critère d'identification car, dans l'opale naturelle, il arrive que l'on rencontre des inclusions solides sous formes d'aiguilles de formation protogénétiques (cfr. Gübelin).
Jean De Waele S.B.G.
Technica 575 nov-dec 1997